Réputé pour son Estuaire, ses immenses forêts de pins, ses plages à perte de vue, ses lacs gigantesques, ses vignobles prestigieux, ses espaces naturels sensibles, le Médoc l’est aussi par son patrimoine culturel.

Certains monuments ont une renommée universelle et font partie des Iconiques en Gironde à l’instar de Fort Médoc ou du le phare de Cordouan (Le Verdon-sur-Mer) « le Versailles de la Mer », ce dernier candidat à une inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco au patrimoine mondial. N’oublions pas non plus la basilique Notre-Dame-de-la-Fin-des-Terres (Soulac-sur-Mer), inscrite sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
D’autres gagnent à être connus :  châteaux viticoles, qui sont autant de joyaux architecturaux, églises romanes, châteaux médiévaux, moulins, phares, stations balnéaires avec leurs villas colorées, sont à découvrir au cours de multiples promenades enrichissantes.
Dans le périmètre du Parc Naturel Régional du Médoc, 6 sites méritent un coup de projecteur : de l’Antiquité gallo-romaine à la Seconde Guerre mondiale, ils témoignent de la richesse de l’histoire et du patrimoine de la péninsule. 

Et si vous les visitiez tous ?

Le site archéologique de Brion

Dans un paysage de champs et de bosquets d’arbres, au cœur du marais de Reysson, se nichent les ruines d’une petite agglomération gallo-romaine qui couvrait environ 12 hectares. Identifiée comme étant celle de Noviomagus, elle était avec Bordeaux (Burdigala) une des deux villes des Bituriges Vivisques, la cité dont Bordeaux était la capitale. Elle s’est développée entre le milieu du 1er siècle et le milieu du IIIe siècle de notre ère.

Le site archéologique de Brion (Saint-Germain-d’Esteuil) : une bourgade gallo-romaine surgit dans le marais de Reysson

Repérée dès le XVIIIe siècle par les historiens, elle ne fut explorée par les archéologues qu’à la fin du XXe siècle, nous livrant ainsi ses secrets. Parmi les vestiges les mieux conservés : un théâtre, unique en Gironde daté de la fin du Ier siècle, qui pouvait accueillir plus de 2500 spectateurs, dont les entrées ont été conservées ; l’une d’elles est encore pourvue d’un escalier menant aux gradins. Dans la prairie au centre du site, on observe les fondations des îlots d’habitation privées, avec chacun leur petit enclos. Plus loin au nord du site, les vestiges d’un temple (fanum) avec sa cella (salle principale) carrée de 12 m de côté, entourée d’une galerie extérieure sortent de terre. Des restes de peintures couvraient les murs de la cella, figurant des tableaux illustrant un cycle mythologique, en liaison avec le culte célébré dans le sanctuaire. Abandonné pendant dix siècles, le théâtre a été réoccupé au XIVe siècle par une maison forte de trois pièces principales, dont celle du milieu disposait d’un foyer central. A côté, se dresse une tour massive où l’on engrangeait les récoltes.  L’histoire nous rappelle que la maison forte a été édifiée en 1340 par Arnaud de Bourg, un petit seigneur médocain, qui, jugé pour violences, a été condamné à se retirer quelques temps à Brion !

L’abbaye de Vertheuil : une authentique abbaye

Eglise Saint-Pierre à Vertheuil © David Remazeilles
Eglise Saint-Pierre à Vertheuil © David Remazeilles

Au cœur du joli village de Vertheuil, se trouve l’abbaye Saint-Pierre de Vertheuil, fondée au XIIe siècle, où a vécu une communauté de chanoines de l’ordre de Saint-Augustin. Le monastère, ainsi que l’église, malgré les outrages des guerres de Cent Ans et de Religion, sont cependant parvenus jusqu’à nous et forcent l’admiration. L’ancienne église abbatiale, devenue paroissiale, est un édifice grandiose, qui surprend par ses proportions. L’église comporte trois nefs prolongées par un chevet à déambulatoire. Les nefs sont séparées par une alternance de piles fortes et de piles faibles et les travées sont majoritairement voûtées d’ogives. La présence d’un déambulatoire à chapelles rayonnantes est rare en Gironde et ne se retrouve qu’à Guîtres. La chapelle d’axe est de forme rectangulaire, le déambulatoire, de plan polygonal, comporte sur toutes les travées, sauf une qui est voûtée d’ogives, de curieux berceaux transversaux. A la jonction du chevet et de la nef, se trouvent deux clochers, l’un carré et orné au nord, l’autre rectangulaire et très simple au sud, disposition unique en Gironde. Ce dernier, fortifié, donne accès au chevet de l’église également fortifié, dont l’étage supérieur des trois chapelles est percé de meurtrières. L’église ne possède pas de façade occidentale, mais dans la nef, au midi, s’ouvre un beau portail roman d’influence saintongeaise, remanié au XVIIIe siècle. Les sculptures de la nef de grande qualité, révèlent deux campagnes distinctes. Le mobilier comporte une tribune en pierre du XVe siècle, des fonts baptismaux en pierre du XVe siècle également et les quatorze stalles en bois finement ouvragées de la même époque. Jouxtant l’église abbatiale, subsiste une aile du logis des moines, construit au milieu du XVIIIe siècle. Au rez-de-chaussée, une longue salle rectangulaire comporte à chaque extrémité un escalier en pierre aux remarquables ferronneries.  On y trouve aussi les vestiges de l’ancienne salle capitulaire gothique, témoignage émouvant des bâtiments conventuels de la période médiévale.

La Tour de l’Honneur (Lesparre) : les vestiges d’un prestigieux château du Moyen-Âge

Le château a été le centre d’une importante seigneurie qui s’est étendue sur toute la pointe du Médoc. La puissance des maîtres du lieu a été considérable jusqu’à la fin du XIVe siècle. Le château des sires de Lesparre comporte à l’origine une grande enceinte rectangulaire entourée de douves, dont les angles est et ouest sont abattus. Celui du sud comporte le donjon. La porte ouverte dans un massif carré est défendue par deux tours cylindriques. Deux autres tours similaires cantonnent l’enceinte, une au sud et une au nord, contre le seul corps de logis. De ce vaste ensemble, il ne subsiste aujourd’hui que le donjon, seul rescapé des destructions du XIXe siècle. Cette belle tour d’environ 12 m de côté s’élève à 30 mètres de hauteur avec ses couronnements, disparus au-dessus du niveau des mâchicoulis. La visite nous donne le détail des différentes pièces qui la composent. D’abord une salle basse voûtée d’ogives, isolée des quatre étages supérieurs, séparés par des planchers, le quatrième étant couvert par une autre voûte à huit branches. Ces quatre salles disposées pour l’habitation possèdent cheminées, latrines, deux ou trois fenêtres géminées, fenêtres à coussièges, donnant vers l’intérieur de la forteresse.  Des escaliers droits pratiqués dans l’épaisseur des murs relient les différents niveaux. On accède à la plate-forme terminale par une vis placée en encorbellement à plus de 20 m de hauteur.  Le visiteur sera surpris par la construction très soignée de la tour, construite au début du XIVe siècle et qui est un logis confortable. Elle fait partie des constructions castrales girondines les plus achevées du Moyen-Âge.  Il est vrai que les sires de Lesparre sont de grands seigneurs et méritent donc un logis digne de leur rang. En visitant le donjon, vous découvrirez l’histoire de Florimont, le plus fougueux d’entre eux !

Le phare de Richard (Jau-Dignac-Loirac), un phare d’alignement aujourd’hui sauvé de l’oubli

Le Richard, comme il est souvent désigné est une « maison-phare » construite en 1846 pour créer un alignement dans cette partie de l’estuaire de la Gironde.  Il comporte une tour en maçonnerie soignée qui s’élève jusqu’à 18 mètres de hauteur, couronnée d’une plate-forme de 3,40 m entourée d’une barrière métallique. On y accède par un bel escalier en vis, en pierre de taille comptant au total 63 marches. La faible hauteur de ce phare a été un obstacle pour les navigateurs montant ou descendant l’estuaire. Un phare métallique de 31 mètres, à la lumière plus visible (portée 26 km) le remplace.  Il est mis en service en 1870, il fonctionnera jusqu’en 1953. Démantelé en 1956, il n’en subsiste aujourd’hui que le socle. Un gardien et sa famille ont vécu, isolés du reste de la population, dans la maison-phare jusqu’en 1953. A côté de cette maison au confort plus que spartiate, un petit lopin de terre est cultivé par le gardien. La chasse et la pêche sont un complément apprécié pour nourrir la famille. En 1982, un groupe d’adolescents de la commune, avec l’aide du maire, décide de remettre en état le phare qui abrite aujourd’hui le Musée de la Vie Estuarienne (consacré à l’ostréiculture et à la pêche) et un petit Musée des phares et balises qui recèle quelques belles pièces, notamment une lentille à échelons d’Augustin Fresnel.

Du haut de la tour du phare avec sa lanterne restaurée, le visiteur jouit d’une exceptionnelle vue panoramique sur l’estuaire, une succession de carrelets, les polders (ou mattes) aménagés par les ingénieurs hollandais au XVIIe siècle, immenses étendues plates striées de haies de tamaris et de fossés servant au drainage des eaux. Au pied du phare, on peut observer la cale d’accostage où peuvent stationner des bateaux, point de départ de balades fluviales.

Le dôme panoramique de l’église Saint-Seurin (Lamarque) : un clocher pas comme les autres

Le clocher de l’église Saint-Seurin est curieux à plus d’un titre : il possède une base carrée, deux étages octogonaux superposés et un dôme qui coiffe le tout. Au premier niveau, on remarque des baies cintrées et une horloge. Une terrasse, soutenue par des consoles décorées de motifs floraux, lui donne un petit air de château fort. Les niveaux supérieurs possèdent également des baies cintrées. Au-dessus, se trouve un attique présentant des gargouilles ornées de têtes humaines. Le clocher a été érigé bien après l’église, élevée en 1837-1838, en raison du manque de ressources financières. L’architecte Durassié en dessine les plans en 1849, les travaux se poursuivent jusqu’en 1858.  En 1861, le conseil municipal achète la cloche qui est installée dans le clocher. En 1862, l’escalier du clocher est bâti. Depuis cette date, le clocher a eu une histoire mouvementée. Il a été plusieurs fois restauré, de 1880 à 1884 puis en 1901. L’ancien dôme, recouvert de zinc, a été démantelé dans les années 1968 en raison d’une menace d’effondrement, la charpente vieille de plus d’un siècle présentant de nombreuses faiblesses.

Un nouveau dôme lui est substitué en 2005. L’escalier qui y mène, restauré en 2004 est unique, car il présente des dispositions différentes à chaque niveau ou étage du clocher. Certains l’ont comparé à celui qui donne accès à la bibliothèque du film « Le nom de la Rose » de Jean-Jacques Annaud, adaptation à l’écran en 1986, du célèbre roman d’Umberto Eco. Cet escalier est séduisant par son côté fantastique et poétique. Le dôme lui-même, couvert d’un revêtement de plomb et surmonté d’une croix en fer forgé ciselé de motifs floraux est percé aux quatre points cardinaux par un œil-de-bœuf, muni d’une table d’orientation, qui offre une vue panoramique à 360° sur le bourg de Lamarque, l’estuaire de la Gironde, ses îles et le vignoble médocain. Le dôme est une attraction incontournable pour les amateurs de sensations fortes !

Les Bunkers de Soulac-sur-Mer : un témoignage éloquent du mur de l’Atlantique au fort des Arros

Bunker © David Remazeille
Bunker © David Remazeille

A 2 km de Soulac-sur-Mer, sur la commune du Verdon-sur-Mer, partez à la découverte de la batterie de marine du fort des Arros, qui a fait partie du système de défense allemand pour verrouiller l’accès de l’embouchure de la Gironde ! Construite par la marine française en 1938-1939, opérationnelle en août 1939, elle comporte quatre plateformes circulaires bétonnées avec soutes à munitions attenantes, supportant des pièces d’artillerie de marine d’un calibre de 164,7 mm, d’un poste de télémétrie, d’un abri pour projecteur de 150 cm, d’un abri pour groupe électrogène et une habitation pour le logement d’un gardien.  Fin juin 1940, les troupes allemandes en prennent possession, avec ses pièces d’artillerie et ses munitions. Elle devient une batterie de côte de la Kriegsmarine, bien intégrée dans le réseau du « mur de l’Atlantique ». En 1943, les allemands décident d’effectuer d’importants travaux sur le site :  quatre casemates pour abriter les canons de marine, un nouveau poste de télémétrie, des abris fortifiés pour protéger le personnel de la batterie et les transmissions, deux importantes soutes pour les munitions de réserve, un nouvel abri et une cuve pour le projecteur de 150 cm. S’y ajoutent une infirmerie, des abris de stockage et deux casemates pour abriter un canon de 75 mm. En avril 1945, après des bombardements de l’aviation et le pilonnage de la marine française, le site est investi par les troupes terrestres après de rudes combats. La plupart des ouvrages en béton sont toujours là et une partie des fortifications se trouve sous les sables de la dune.  L’Association Historique de la Poche du Nord-Médoc assure des visites guidées passionnantes du site. L’histoire de la poche du Médoc, qui figure en bonne place parmi les hauts faits de la Seconde Guerre mondiale, n’aura plus de secret pour vous !

Mais le Médoc cache encore bien des trésors : retrouvez ici notre sélection coups de cœur !

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